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YAO ROSE ( Artiste-Chanteuse ) / LE SENS D’ UN COMBAT POUR LES ENFANTS AUTISTES D’ AFRIQUE.

Raymond Alex Loukou | | Musique

Originaire du centre-ouest de la Côte d’Ivoire, c’est en 1997 que les mélomanes ivoiriens et du reste du monde découvrent l’artiste Yao Rose avec son opus « Racines ». Très vite elle va s’installer dans le cœur des ivoiriens avec le titre « Zéré », tiré de ce premier album.

En 2000 et 2003, elle sort respectivement, « Feu sacré » et « Bozoua» qui certes, ne connaîtront pas le même succès médiatique que le premier, mais, cela n’enlève rien à l’immense talent de cette artiste à la voix naturellement envoûtante.

Lors des élections présidentielles françaises, le Front de Gauche de Jean-Luc Mélenchon la sollicite pour une prestation, à la Bastille, le 18 Mars 2012. Ce fut pour elle, l’occasion rêvée pour faire découvrir « Magie des Blancs », chanson composée pour défendre la cause des immigrés en France.

Pour son grand retour sur la scène musicale, Yao Rose vient de signer « Gbogbokro », une belle galette sonore de dix (10) titres, toujours dans la tradition de l’originalité et de la richesse du terroir.

A côté de son grand talent d’artiste chanteuse reconnu, Yao Rose est une artiste totalement engagée dans l’humanitaire. Pour cela, elle essaie de se mettre au service des autres en suivant humblement les traces des personnes charitables comme  mère Théresa ou l’Abbé Pierre.

Mère d’un enfant autiste, elle fonde en 2007, l’ONG AEAA (Aide aux Enfants Autistes d’Afrique) pour soutenir sa cause. Elle entend avec cette structure humanitaire partager son expérience personnelle avec les mères d’enfants autistes en Afrique, œuvrer pour la prise en charge des enfants autistes sur le continent, sensibiliser pour faire connaitre l’autisme en Afrique en vue de favoriser  la création des centres, foyers d’accueil et d’éveil pour les enfants autistes.

Selon elle, « Un artiste est avant tout un être humain doté d’une sensibilité et d’un regard sur son époque ». De ce point de vue, il lui arrive donc de prendre position sur l’histoire de son pays, les événements politiques ou sociaux qu’il vit et auxquels il assiste.

L’artiste voudrait faire de son engagement auprès des enfants autistes comme le sien, un véritable sacerdoce pour leur donner le sourire et la joie de vivre malgré tout.

Pour une maladie comme l’autisme qui demeure encore peu connue et un mystère pour une grande partie de la population africaine, c’est un travail d’hercule que ce combat, dans lequel la maman de « Gbogbokro » s’est engagée depuis 2007.

L’autisme ou plus généralement les troubles du spectre autistique (TSA) sont des dysfonctionnements du développement humain caractérisé par une interaction sociale et une  communication anormales, avec des comportements restreints et répétitifs.

L’autisme affecte la façon dont le cerveau traite les informations en modifiant, de manière encore inconnue, l’organisation des réseaux de neurones durant le développement. Les symptômes sont généralement détectés par les parents dès les deux premières années de la vie de l’enfant. Les troubles du spectre autistique recouvrent probablement plusieurs troubles différents qui se manifestent d’une manière proche cliniquement.

Les causes sont pour la plupart inconnues et semblent multifactorielles (génétiques et environnementales).

La part génétique n’est toujours pas prouvée et reste encore mal comprise, mais les recherches sont en cours en neurophysiologie, cognitive et psycho-dynamique.

Le monde entier célèbre chaque 2 avril, la « journée mondiale de la sensibilisation à l’autisme ».

Pour faire admettre cette maladie dans les consciences collectives sur le continent, Yao Rose entend  s’appuyer sur des structures locales qui sont en fait des représentations de son organisation, basée en France. A l’heure actuelle, les Bureaux AEAA section Côte d’Ivoire et Bénin sont déjà fonctionnels et verront très bientôt l’ouverture de leurs centres d’accueil et d’éveil.

Selon la Présidente-Fondatrice elle-même, ces centres seront des foyers ouverts pour sortir les enfants autistes de l’anonymat et de la grande honte qui est leur quotidien en Afrique. Chaque centre sera équipé en matériels informatiques et de commodités pouvant permettre à tous ces enfants de s’égayer et d’apprendre peu à peu à s’adapter à leur environnement.

Plus exactement, chaque foyer comprendra une salle de jeux pour les enfants avec divers jeux instructifs et interactifs pouvant les sortir de leur isolement, une salle informatique connectée au réseau internet, à l’intention des parents qui viendraient déposer leurs enfants au centre. Ces parents pourront ainsi surfer sur internet en attendant que les enfants s’occupent dans leur salle de jeux avec leurs encadreurs.

L’objectif principal de ces centres  est d’assurer l’encadrement des enfants et d’occuper leurs parents en les orientant vers des structures de prise en charge au plan local devant les aider dans le financement de la phase de rééducation physique. Chaque enfant se verrait alors établir un dossier médical pouvant renseigner sur son cas et ouvrir droit à des prises en charges pour certains d’entre eux hors du continent avec la coopération des partenaires occidentaux,

Dans cette mission d’espoir et pour redonner le sourire à ces centaines de milliers d’enfants marginalisés par la maladie, la chanteuse ne dispose d’autres moyens que des bénéfices réalisés sur ses œuvres. Autrement dit, ce sont les recettes de ses spectacles et autres évènements musicaux qui lui permettent en grande partie de financer les activités de son organisation.

Bien sûr, l’ONG existe depuis 2007 mais entre l’éducation de son enfant, né lui-même autiste en 2002 et la gestion de sa carrière, Yao Rose  n’a pas pu asseoir véritablement son organisation comme elle le souhaitait.

Selon elle, l’horizon est aujourd’hui bien dégagé car Cédric, son petit garçon, est aujourd’hui âgé de 11 ans et son évolution est spectaculaire. Car, l’état de Cédric qui donnait des signes et symptômes correspond à la triade autistique identifiée par Lorna Wing, à savoir : les troubles qualitatifs de la communication verbale et non-verbale, les altérations qualitatives des interactions sociales et comportements présentant des activités et des centres d’intérêt restreints, stéréotypés et répétitifs s’en sort bien.

Aujourd’hui,  Cécé  ( pseudonyme donné par sa mère), est un élève brillant d’une école de Londres en Grande-Bretagne, parlant très bien le français et l’anglais et jouant à des instruments de musique comme le piano.

D’ ailleurs, à la rentrée prochaine 2013-2014, il rentrera au collège. Yao Rose estime donc que le temps de se mettre résolument au service de son ONG pour le bonheur d’autres enfants sur le continent a sonné.

Elle a donc repris son bâton de pèlerin en organisant les deux premières représentations au plan local de son ONG, à savoir Abidjan et Cotonou.

Quand on l’interroge sur ses attentes, voilà ce que répond la chanteuse au cœur plein d’amour pour son prochain :

« Juste un peu d’amour pour tous ces enfants et leurs parents car je sais que leur quotidien est souvent difficile et humainement insupportable.

 Une personne normale ne peut pas comprendre pourquoi une mère permet à son enfant de se frapper la tête contre le mur, ou pourquoi elle ne le punit pas lorsqu’il renverse son sac dans la charrette pendant les courses au magasin.

En quelques mots, les personnes atteintes d’autisme ont des difficultés à appréhender les symboles, tout comme d’autres ont des problèmes visuels ou auditifs. Le fonctionnement de la société dans son ensemble est régi par des symboles. Le langage en est un excellent exemple : Les sons, et autres instruments de communication désignent à la fois des choses, des actes, des pensées, des sentiments. La société utilise constamment des symboles : signes de tête, sourires, poignées de main… Et on sait que les personnes atteintes d’autisme ont de sérieux problèmes à appréhender tout cela ce qui complique leurs contacts sociaux donc toute forme de langage.

Les personnes autistes vivent ainsi dans un monde qu’elles ne comprennent pas, ou comprennent difficilement, et au sein duquel elles ne peuvent pas ou presque pas se faire comprendre. Il n’est donc pas étonnant que les autistes se sentant marginalisés se retirent apparemment de ce monde, et manifestent de temps en temps leur impuissance, en se frappant la tête contre les murs ou en hurlant de colère.

Nous devons donc montrer de l’amour et de la patience à ces nombreux enfants africains rejetés par nos sociétés ou parfois par nous-mêmes parce qu’impuissants devant ce dont ils souffrent.

Pour les centres que mon ONG va ouvrir très bientôt à Abidjan, en Côte d’Ivoire, et à Cotonou, au Bénin.  Je demande le soutien de tous ceux et toutes celles qui croient en ce combat. Ces enfants ont besoin de s’instruire dans un premier temps par le jeu et il existe beaucoup de jouets instructifs à cet effet, mon organisation en a un grand besoin.

Pour pareille entreprise, il faut  mobiliser d’importants moyens financiers. C’est pourquoi, nous lançons un appel à tous et serons très reconnaissants aux personnes de bonnes volontés qui voudraient bien nous aider à construire nous-mêmes, à moyen terme, des centres d’accueil sur nos propres  terrains  dans tous les pays africains où nous comptons nous implanter »

 Loukou Raymond-Alex