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Bouaké, après des mutineries, la mode chez les adolescents c’est le treillis

Saxum Willy | | Mode

Les adolescents de Bouaké, deuxième ville de la Côte d’Ivoire, adhèrent à la mode treillis mais dans un contexte particulier. Plusieurs enfants en moyenne âgés de 12 ans ont optés pour un apparat aux allures militaires lors de la fête de l’Aïd-el-fitr (rupture du jeûne musulman).

Au centre-ville les éloges n’en finissent pas auprès de chaque enfant. Cette nouvelle tendance a la renommée d’être appelée « la tenue cinq millions ».

En effet, le pays a connu des soulèvements militaires persistants avec la ville de Bouaké comme pôle de la contestation des soldats. Ces soulèvements ont fait neuf (9) morts, rappelant les moments de souffrances lors de la rébellion qui a fracturé le pays en 2002. Chaque militaire a reçu comme rançon une prime de douze millions dont le premier versement s’élevait à cinq millions comme témoigne le nom de cette nouvelle mode vestimentaire chez les gamins de la mégapole.

Eric avait 20 ans quand la crise a éclaté, aujourd’hui il en a 35, mais il n’a toujours pas un travail stable, avec un vieil outil, il fait des photos ci et là pour gagner sa vie. La rentrée scolaire tire à sa fin et il espère que les événements festifs réaniment ses finances au cours des vacances. Pour sa mère, ce rescapé de la guerre retourne à Bouaké avec la peur au ventre et le désespoir une fois sur place, à voir cette jeunesse s’orientée en fonction des bruits de bottes. « Habituellement les enfants sont vêtus de boubou, les parents souhaitent les voir ressembler à des croyants pieux » lance-t-il d’un air écœuré. Nimbo, son quartier d’enfance, est délabré, « les herbes ont envahi les routes » fait-il remarquer avec insistance. Ces frères et sœurs ne sont plus revenus à Bouaké, suite à la crise, déracinés et loin de leurs cultures ancestrales. Sa mère, est une sexagénaire toujours en activité. « Elle est obligée » dit-il. La pauvreté mine la famille. Elle réside dans la maison de son père et tient un éventaire de légumes sous l’auvent.

Au constat, pendant que cette mode amuse certain, « Les enfants mutins » avec leur tenue « cinq million », ont réveillés des souvenirs douloureux et des craintes chez de plusieurs habitants du pays.

 

Saxum