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KAJEEM Une carrière de combattant

Firmin Koto | | Musique

Kajeem est un des artistes incontournables de la scène ivoirienne. Désigné comme l’un des meilleurs de sa génération, il fascine tant par son charisme que son engagement, son rayonnement et sa créativité. Son reggae-ragga fortement imprégné de soul et de rap, impose avec assurance un «flow» vif qui lui confère un style très personnel. Sa voix envoûtante puise dans l’arsenal de la littérature les munitions d’une poésie vivifiante au verbe incisif.

kajeem


C’est en 1969 que naît kajeem à Treichville, l’un des quartiers les plus « chauds » d’Abidjan. Promis à une carrière diplomatique, il prend le «maquis» pour mettre en musique ses premiers textes en créant le Ngowa Posse en 1990. Il va écumer les scènes abidjanaises avec la MUR, Mouvement Universitaire de Rap, auquel il adhère en 1993 et dont il devient le toaster attitré. Avec sa maîtrise de lettres en poche, il sort son premier album, « Ngowa », et est désigné « révélation » au MASA (Marché des Arts et Spectacles Africains) en 1997. L’année suivante, il reçoit le titre de « Meilleur artiste ragga » de Côte d’Ivoire.

Deux années plus tard, il enregistre l’album « Revelation Time ». Qui connaît un succès sans précédent. C’est alors pour kajeem le début d’un fructueux partenariat avec le CICR, Comité International de la Croix-Rouge. Nominé « révélation hip-hop 1999 », Kajeem affermit son style. Il va plus que jamais s’imprégner des rythmes du terroir africain. C’est cette ambiance que l’on retrouve dans « La Voix du Ciel », album, sorti en Afrique en 2000 et distribué en Europe en 2004, qui le consacre au niveau national et régional comme une valeur sûre de la musique africaine et lui vaut plusieurs participations à l’étranger, dont l’Exposition Universelle Hanover 2000 en Allemagne, Le Montreux Jazz Festival, Expo.02, le festival de la Cité en Suisse, le Forum Culturel Barcelona 2004 en Espagne… Top d’Or « Meilleur artiste reggae », il est nommé membre d’honneur de la Croix-Rouge de Côte d’Ivoire en 2004. L’année suivante son dernier opus est désigné « meilleur album reggae » par l’Eburny Music Award. Il assure les « premières parties » de son ami Tiken Jah Fakoly à Grenoble et au Bataclan à Paris. En Suisse, il collabore avec des artistes comme Moonraisers ou Freebase Corporation pour qui il a composé « La vérité rougit les yeux » largement diffusé sur les radios. Kajeem, tout en marquant de son empreinte les scènes européennes, reste très actif dans les milieux associatifs et humanitaires. Il collabore ainsi très étroitement à de nombreux projets musicaux produits par le CICR, dont les paroles et la musique du single « Je dis respecte ! » (2006), la musique du film « Chield Soldier » (2004), la direction artistique de « L’homme est un remède pour l’homme » (2002). Il participe à une compilation baptisée « Décolonisons ! » dénonçant le néocolonialisme et les habitudes coloniales, produite par Survie (2007).

Il signe également la musique de la campagne du Telefood pour le FAO (2004). À Abidjan avec le Fondy, à Marseille avec l’Ami et plus récemment à Vevey avec le centre EquinoX, il anime des ateliers d’écriture musicale axés sur le rap, auprès de jeunes en difficulté. Artiste engagé, Kajeem parle français, anglais, espagnol et baoulé, sa langue maternelle. Ses thèmes préférés sont la crise qui déchire son pays et le mal-être qui frappe les cités. La portée universelle de ses textes plus qu’engagés est le reflet d’une génération consciente et positive. Après avoir entraîné son public à la recherche de La Voix du Ciel, Kajeem propose aujourd’hui un voyage dans les paysages mêlés de musique urbaine et africaine, à travers un nouvel album au timbre résolument ragga : « Positif » dont la sortie européenne est prévue pour la mi-avril